samedi 28 avril 2012

Pierres oniriques de Chine

Précipice en montagne , pierre de cire jaune,
Huangla Shi, dynastie King, XVIIe siècle.
Ces pierres trouvées dans le lit des rivières ont fasciné les gentilshommes chinois pendant des siècles. Il est vrai qu'avec leurs formes étranges, tourmentées par les éléments, elles évoquent aisément des montagnes, des dieux, des animaux fabuleux… Jusqu'à la Révolution, un goût a prospéré: ces rochers ont été considérés comme aussi précieux que les bonzaïs centenaires ou que les racines, pareillement tortueuses, dénichées par le sage durant ses promenades. Leurs premiers propriétaires, souvent poètes et érudits, les ont installés avec mille soins dans des jardins clos. Comme à Suzhou, où ces havres de paix et de raffinement, véritables microcosmes de la nature, sont classés patrimoine de l'humanité. Dans de tels cadres, en leur compagnie, ils ont médité à loisir, loin des pesanteurs de la hiérarchie confucéenne. Puis ces rochers sont devenus objets de collection. Les plus petits ont été montés sur socle et installés à l'intérieur des studios. Les fonctionnaires impériaux les posaient non loin de leurs rouleaux de soie et de leurs pinceaux. Ils inspiraient leurs dessins et leurs calligraphies. Aujourd'hui, cet art de s'inspirer de l'univers en miniature, cette passion pour ces blocs d'énergies solidifiées, cette esthétique faite d'analogies, tout cela est encore bien vivant. Le prouvent, dans une scénographie très inspirée par les palais de Suzhou, les créations contemporaines de Liu Dan et de Zeng Xiaojun, principal prêteur pour cette exposition.
Rochers de lettrés, itinéraires de l'art en Chine, Musée Guimet, 6, place d'Iéna (XVIe). Tél.: 01 56 52 53 00. Horaires: tlj sf mar., de 10 h à 18 h. Jusqu'au 25 juin. Cat.: Musée/RMN, 164 p., 39 €.

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