lundi 25 juin 2012

Abdou, peintre abstrait, peintre d’histoire
ARTS Abdelkhalek Boukhars célèbre sa ville de Fès par de grands damiers d’acrylique.

Au Maroc, Fès possède la plus grande et la plus belle médina du monde. Il y a un siècle, dans un de ses plus prestigieux palais, celui du Glaoui, étaient affinés les accords du Protectorat.
 En 1956, le Glaoui était puni pour avoir collaboré avec les Français. De retour d'exil Mohammed V l'expédiait à l'étranger tandis que ses biens étaient gelés. Depuis, le palais Glaoui est tombé dans l'oubli. Seul Abdelkhalek Boukhars, descendant des gardiens du lieu, y vit et l'entretient avec ce qu'il peut. Abdelkhalek Boukhars, dit Abdou, est également peintre. Il est né là, dans ces trésors de zelliges et dans ce quartier qui surplombe une myriade de terrasses.
 Il peint les 1200 ans de sa ville. Mille deux cents petits carrés de couleurs acryliques, tous de taille identiques – un gros timbre poste - et tous différents. Ils sont rangés côte à côte dans un rectangle grand format.





 A y regarder de plus prêt, leurs rouges, leurs bleus, leurs bruns et leurs blancs se chevauchent, s’interpellent. Réseaux et connexions multiples, grouillant comme la médina vue de satellite.










Nous voici dans un monde serré, vibrant, haut en couleurs, en pleine implosion, qui donne le vertige quel que soit l’angle par lequel on aborde l’espace. Cela tient bien sûr de la calligraphie par le trait virgulé, de l’envers laineux des tapis anciens, et aussi de ces mosaïques aux figures géométriques complexes, condensés de l’art arabo andalou.





 Mais cela tient également à une connaissance de l’œuvre de Jackson Pollock, à celle de Paul Klee (lui-même s’étant inspiré des tapis berbères) et des grands maîtres occidentaux de l’abstraction. Assurément, Abdou est un artiste en plein épanouissement. Inspiré.


 Actuellement, chacune de ses toiles est l’aboutissement d’une recherche supplémentaire par rapport à la précédente. Après les losanges viennent maintenant les amoncellements…









L’Attijariwafa bank et les autres grands mécènes marocains ou autres seraient bien avisés de se pencher sur cet univers puissant et en pleine révolution.









Crédits photos: N°1 Réception de notables de la ville par le général Lyautey, mai 1916. Médiathèque de l'architecture et du patrimoine C Ministère de la Culture/RMN. Toutes les autres Sébastien Soriano, juin 2012.

Abdou, tél. :
00 212 (0)6 73 66 828

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