Le lapsus du Président
(ou Esther et Hollande)
Tout le monde l'a vu, personne de l'a remarqué. Beaucoup le traquaient aussi... Mais où se nichait donc le lapsus du Président ? Il fallait bien qu'il en commette un durant sa conférence de presse du 14 janvier dernier. La tension était palpable. Ses affaires de coeur électrisaient la planète McLuhan depuis quelques jours. Eh bien, comme dans la nouvelle d'Edgar poe La lettre volée, on l'avait sous les yeux!
Durant plus de deux heures et
demi, François Hollande a parlé dans la salle des fêtes de l’Elysée avec, à sa
droite, une tapisserie XVIIIe siècle. Que dit cette image, souvent accrochée
par les caméras, sous laquelle le gouvernement au grand complet était assis ? Que dit cette scène dont la composition est due à Jean-François de
Troy et l’histoire relatée dans l’Ancien Testament ?
Il s’agit du Repas d’Esther et
d’Assuérus (*).Quel plaisir de résumer ici ce conte en guise de scoop politico-esthétique et de piquant télescopage de l'Histoire!
Il était une fois donc, un roi de Perse; un certain Assuérus en qui certains exégètes reconnaissent Xerxès, fils de Darius Ier. Dans la troisième année de son règne (Hollande n'est que dans la deuxième année de son quinquennat) il avait répudié son épouse Vashti parce que, pour faire court, celle-ci s’était montrée arrogante. Toujours soucieux de plaire, les courtisans avaient entrepris de faire tour à tour venir au palais de Suse, la capitale, les plus jolies vierges du pays afin qu'Assuérus en retienne une. La tapisserie montre le moment où il tombe sous le charme d’Esther, une orpheline d’une grande beauté. Il la couronnera bien qu’elle soit juive puis, apprenant cet état, la graciera avec l’ensemble de ses coreligionnaires qui risquaient pourtant un génocide.
Racine a fait d'Esther le personnage principal d'une de ses tragédies. Dans le cycle de tapisseries conçu par Jean-François de Troy, au contraire, tout finit bien. L'avenir dira qui de l'un ou de l'autre de ces artistes peut être considéré comme le plus visionnaire pour cette deuxième décennie du XXIe siècle français.
Vashti par Edwin Long |
Valérie Trierweiler en décembre 2013 |